Séance budgétaire au Conseil Régional
Intervention de Michel Jallamion conseiller Régional R&S membre du groupe FDG (PCF-R&S) sur la formation professionnelle, apprentissage et emploi et le peu d'ambition de ce budget en pleine crise COVID .
Madame la présidente, Madame la vice-présidente,
La situation terrible de tous ces jeunes sans emplois, 25 peut-être 30% bientôt, de ceux qui ne peuvent plus avoir accès aux petits boulots pour joindre les deux bouts et continuer leurs études, de ceux, aussi, qui devront abandonner leur formation en alternance, leurs études par absence d’un maître de stage, d’un contrat de professionnalisation ou d’alternance, ne peut nous laisser indifférent. Au-delà de ces trajectoires personnelles brisées c’est aussi des compétences et du savoir faire que perd notre région.
Tout cela se reporte et se reportera dans le milieu associatif, l’ESS, les services publics, et les dispositifs régionaux servant d’amortisseurs sociaux.
Une crise sanitaire, sociale et économique de cette ampleur appelle donc des moyens exceptionnels pour l’ensemble de la formation, de l’apprentissage et de l’emploi.
Autant dire que notre déception est grande à la lecture de ce budget, qui , pour reprendre votre expression, Madame la vice-présidente, « est en droite ligne des budgets précédents».
Les circonstances demandent plus que d’octroyer quelques milliers d’euros pour les missions locales – qui en ont perdu 4 millions sous votre mandature - suite au vœu de nos collègues de l’UDI au détriment d’Ile-de-France mobilité: vœu qui montre que vos propres troupes s’émeuvent, quelque soient leurs propos, du manque d’ambition de ce budget.
Les circonstances imposent mieux que de se contenter de négocier à la hausse le PRIC (pacte régional d'investissement dans les compétences) et d’en faire l’alpha et l’oméga de la réponse à cette situation.
Le rythme de croisière adopté par ce rapport est incompréhensible.
Non ce n’est pas, je cite , un « accroissement sensible du nombre de demandeurs d'emploi en Ile-de-France » mais une explosion du chômage et de la précarité à laquelle nous assistons,
Non cette situation n’est pas « très sensible chez les jeunes qui arrivent sur le marché du travail » Elle est catastrophique,
Non il ne faut pas simplement dire que « Ces mesures seront reconduites et amplifiées en 2021 » mais lancer un plan de sauvegarde et de développement des formations professionnelles de l’apprentissage et de l’emploi
Si mon groupe salue le soutient apporté aux apprentis et aux CFA malgré la perte de cette compétence, nous ne comprenons la parcimonie de cette intervention et les atermoiements pour ne pas prendre les devants en liaison, bien entendu, avec les OPCO (Opérateur de Compétences) les lycées professionnels et les CFA .
Nous ne comprenons pas qu’il n’y ait pas d’augmentation conséquente du budget formation ni que la baisse de la partie CFA et apprentissage ne se reporte pas totalement sur la formation professionnelle.
Comment, dans la situation actuelle, penser que la solution se trouve dans, je cite, « l’analyse territorialisée et sectorielle des besoins en formation exprimés par les employeurs et les demandeurs d’emploi et l’exploitation des données de l’outil « Big Data - Adecco Analytics » »? Les circonstances demandent plus qu’une analyse du désastre actuel et une attaque, justifiée, que nous rejoignons, sur des réformes désastreuses de la formation professionnelle, de l’orientation et de la recherche.
Déjà, en temps normal, penser que le chômage n’est dû qu’à un problème d’offre et de demande est problématique. En effet la quasi-totalité des filières dites en tension sont celles où le ratio rémunération/pénibilité est le plus faible, celles qui offrent le moins de possibilité de développement de carrière et ne permettent pas aisément de profiter de l’expérience acquise dans d’autres filières. S’en contenter en pleine crise économique au lieu de réfléchir avec l’État aux meilleurs leviers pour créer des filières, des entreprises des emplois est totalement aberrant. D’autant que dans le même temps vous refusez d’aider au développement du milieu associatif et de l’ESS pourtant largement pourvoyeurs d’emplois.
Comme le CESER nous nous inquiétons de la baisse conséquente des crédits de paiements pour les missions locales , des mesures d’accompagnement et d’insertion territorialisées et de Défi Métiers.» Nous regrettons comme lui la baisse des actions « insertion sociale et professionnelle des personnes en recherche d’emplois ».
En conclusion je citerai Gandhi qui disait que le bonheur c’est lorsque les actes sont en accord avec les paroles. C’est loin d’être le cas de ce budget qui loin d’apporter le moindre bonheur aux franciliens à un moment où ils en auraient grand besoin se cantonne à des paroles digne de la chansonnette de Dalida.
Je vous remercie.