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Texte adressé à Patrick ABATE et Jean-Pierre MASSERET, sénateurs, Paola ZANETTI, députée
Monsieur le Sénateur-Maire,
Monsieur le Préfet (de la République laïque en principe) a officialisé la création, en Moselle, d'un groupe inter religieux. Il envisage que le Recteur puisse prochainement s'y joindre (cf. p. j. article du Républicain Lorrain du 23/01/2015).
Cette initiative du représentant de l'Etat pose, de mon point de vue, un certain nombre de problèmes :
- s'il est normal que les pouvoirs publics acceptent de recevoir les représentants des cultes et soient attentifs à leurs propositions, les représentants de l'Etat doivent-ils être à l'initiative ou partie prenante d'un "dialogue inter religieux" ?
- il est envisagé que ce groupe ou ses représentants puissent intervenir dans les établissements scolaires ou d'autres institutions publiques (prisons ...). Pour y faire et y dire quoi ? Du prosélytisme ? Pour exposer une vision de la société dans laquelle sans religion il n'est point de salut ni de vie sociale ?
- s'agit t'il, face au déficit de "récit" ou "d'espoir" républicain de "relancer" les religions, dont le nombre des pratiquants au moins, sinon ceux qui déclarent y appartenir est en recul constant dans nos sociétés ? On peut légitimement s'interroger quand est envisagé un "printemps des religions".
- le représentant de l'Etat entend-il officialiser, voir imposer une vision de la société (qui serait éventuellement présentée aux élèves) qui ne comprendrait que des croyants et dont les athées, agnostiques et autres incroyants seraient exclus ?
Je comprends bien et je partage, après les attentats du début du mois, la volonté de l'Etat et de ses représentants de créer ou de recréer les conditions d'un dialogue républicain des diverses composantes de notre société, dont les religions sont certes un élément, mais de loin pas le seul.
Mais cette nécessité de créer ou recréer le dialogue ne doit pas conduire à des dérives qui contrediraient, dans les faits, les principes affirmés de laïcité. Ce serait d'autant moins acceptable dans notre département où, comme dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, ne sont déjà pas respectés les principes de laïcité (délit de blasphème, enseignement religieux "obligatoire", dans l'Enseignement Public, d'un des quatre cultes reconnus, statut et rémunération des ministres des mêmes cultes).
C'est pourquoi j'ai l'honneur de vous demander d'intervenir, pour que l'Etat, le gouvernement et leurs représentants, en Moselle et en Lorraine, comme sur tout le territoire respectent effectivement la laïcité et que tout(e)s les citoyen(ne)s, croyant(e)s ou non soient également considéré(e)s et pris(es) en compte.
Je vous prie d'agréer, monsieur le sénateur-maire, mes salutation distinguées.
Roland ROUZEAU, citoyen (à titre personnel)