LES QUESTIONS SOCIETALES

(Extrait motion d’Orientation CNO des 22 et 23 novembre 2014 Rochefort en Terre (56))

Les questions sociétales sont un des axes de l lutte de l’Humanité pour l’Egalité ; celle-ci s’est exprimée dans le « tous les hommes naissent libres et égaux en droit « de la Révolution française , et a trouvé un second souffle à la Libération avec  à « chacun selon ses besoins, chacun y contribue selon ses moyens » du Conseil National de la Résistance ».

Cette lutte recoupe l’histoire des valeurs sociales de la Gauche. Elle n’est pas terminée. Elle concerne encore, dans la société réelle, la moitié de l’Humanité : les femmes dont le salaire est inférieur de 20% à celui des hommes et dont beaucoup d’entre elles sont victimes de violence. Elle concerne également, dans la société légale, des hommes et des femmes qui n’ont pas les mêmes droits que les autres : adoption, PMA…

1981, la gauche arrive au pouvoir, le gouvernement Mauroy dépénalise l’homosexualité, sous sa mandature, Lionel Jospin fait voter le ¨P.A.C.S., 2013, F. Hollande fait voter le mariage pour tous ; la gauche a été constante et unanime dans l’ouverture d’un droit ; la très grande majorité de la droite a été constante dans le refus de l’accès au droit, défendant une conception exclusive de la famille, mettant en avant que beaucoup d’homosexuels ne demandaient pas le mariage…… comme si tous les hétéros étaient eux-mêmes mariés ! Se plaçant sous l’angle de l’ouverture d’un droit, la gauche a été au rendez- vous de l’histoire.

Dans un tout autre domaine, la France est confrontée à une double réalité dont elle ne peut se soustraire : son passé colonial et les liens que celui-ci a engendré avec les peuples concernés dont de nombreux ressortissants sont devenus français ,et l’explosion des flux migratoires , conséquence des inégalités de développement et de la décomposition de certains Etats ; réalité qui s’impose à tout gouvernement quel qu’il soit dans un pays qui a ratifié la Déclaration des droits de l’homme , dont le Préambule de la Constitution de 46 est explicite sur le sujet, qui a signé de très nombreuses conventions internationales.

Par rapport aux dérives insupportables de la campagne présidentielle de Sarkozy , la gauche au pouvoir a-t-elle dans un contexte international, il est vrai très contraignant, défini une politique dont on puisse dire qu’elle est inspirée à la fois par les valeurs de gauche et par le réalisme imposé par les contraintes du moment ? Ne retrouve-t-on pas la même stigmatisation de l’étranger dont le bouc émissaire suprême est devenu le Rom dans la bouche de l’actuel Premier Ministre ?

Patrick Le Lay, ex patron de TF1, est certainement un de ceux qui explicitent le mieux notre période quand il déclare que son travail consiste à vendre à Coca cola du temps de cerveau disponible. Le cerveau est l’organe de la pensée, de l’éveil, de l’attention ; il le détourne de cela pour l’orienter sur la marchandise, c’est le capitalisme accompli, la quintessence du consumérisme. Pour Bernard Stiegler, « la formation de l’attention produit des savoirs - savoir vivre, faire ou capacité à conceptualiser. La déformation de l’attention est le désapprentissage des savoirs. Privé de ces savoirs, on est privé de place sociale : on n’est plus soi-même un objet d’attention »

C’est la grande faiblesse de la gauche aujourd’hui et pas seulement du Parti Socialiste, d’être en quelque sorte tombée amoureuse de l’économie financiarisée, après lequel court désespérément François Hollande. Certes les valeurs historiques de la gauche sont confrontées à la déferlante engendrée par celles de P le Lay et consorts, mais la politique ne peut avancer sans concepts. Nous sommes défaillants dans l’actualisation de nos concepts. Stiegler émet l’hypothèse selon laquelle la crise de 2008 est une étape majeure dans la faillite du consumérisme. Le Front National a su apporter avec les bases idéologiques que nous lui connaissons et la théorie du bouc émissaire une réponse factice aux victimes du consumérisme triomphant.

Simultanément, émergent de cette société, des innovations sociales conséquentes : être autrement, vivre autrement, produire autrement, consommer autrement, financer autrement, que la gauche doit explorer et confronter à ses valeurs historiques. Elles ne sont pas LA réponse ; le mode de production dominant va continuer d’imposer sa domination sur les relations sociales mais nous ne pouvons rester à l’écart de leur exploration.